mardi 5 juillet 2011

Grève du journal

Nous retraçons ici les circonstances qui ont déclenché notre grève.

Un débat public a été ces derniers jours organisé à Kovo par la « Cellule de base de ceux qui s'intéressent aux affaires étrangères », le sujet en était: « Pour ou contre Prya ou Aldarnor? » (en effet, dans l'Archipel des Micronations, la résurrection de Prya menace l'intégrité territoriale d'Aldarnor anciennement Morvan (en tooutaïéchi, Aldarnor est appelé Moououindo). Le débat devait donc départager une micronation ancienne d'une micronation plus récente. Face au manque de locaux, le roi Sakrochélatos avait généreusement mais un peu imprudemment prêté sa caverne.

Le débat a été hélas débordé par des guerriers et des aventuriers peu scrupuleux du respect du bâton de parole. C'est alors que Ouabrari, celui-là même que nous recevions dans notre hutte il y a peu, prit la défense du Moououindo. Les débattants se sont séparés en deux groupes prêts à soulever leurs épées. Imbétomater, druidesse mandatée comme secrétaire aux relations intérieures et par ailleurs force de la nature, a défié les partisants du Moououindo au nom de Prya. Ouabrari, le suppléant de Kochchissamo, secrétaire aux relations internationales, a relevé le défi et a été tué.

Imbétomater a fait pression sur les témoins, ceci est avéré par les cadavres de corbeaux que nous avons vu cloués sur les portes de la maison de trois témoins ouabraristes. Selon l'un de ces témoins menacés, qui a préféré fuir Kovo avec sa famille élargie, Ouabrari a été aveuglé par un miroir de métal tenu par la soeur de la druidesse.

Imbétomater a ensuite décapité Ouabrari et les débattants demeurés sur place on décidé de monter une expédition pour porter cette tête aux séparatistes pryans « occupés » par Aldarnor.

Tout ceci semble un coup monté pour se procurer une « âme de tête » afin de chercher une occasion d'aventure et de combat. Or, c'est la sécurité d'Umujo qui dépend de telles manoeuvres. En effet, la Fédération a désapprouvé au Congrès le recours à l'aventure en dehors de nos frontières nationales.

Le journal a tenté de faire la lumière sur cette affaire. Mais les partisans d'Imbétomater et de Prya menacent à présent le Journal. Et Kochchissamo réapparaît, nous dit-on, mystérieusement, pour valider certaines décisions favorables à Prya et hostiles à Aldarnor. Mais il n'a pas pu revenir de Polis, car il n'est arrivé ni sur le Mantiapa ni en dirigeable de Verlor. Comment se fait-il qu'il réapparaisse officiellement comme secrétaire aux relations internationales, et ce, au moment même où Ouabrari, son suppléant, est tué? Ce ne peut être que parce que quelqu'un se fait passer pour lui!

Par nos ancêtres et par les flammes, qu'est-ce que cette « danse boueuse »? Nous ne nous laisserons pas pister, hein?!

Nous, membres du Journal d'Umujo, avons décidé à l'unanimité moins trois abstentions amicales et la fuite d'un pleutre (anciennement journaliste dominical) de faire grève illimitée pour le triomphe de nos justes revendications. Alors que notre démocratie directe est bafouée et violée par les imbétomatéristes, nous exigeons sans délai:

1/ La vérité sur la mort de Ouabrari: qu'on laisse un de nos vates interroger l'ours qui était présent au moment du combat singulier entre la druidesse Imbétomater et Ouabrari.

2/ La restitution de la tête de Ouabrari à la Fédération d'Umujo

3/ La démission d'Imétomater du poste de secrétaire aux relations intérieures

4/ La vérité quant à Kochchissamo: il n'a pas pu revenir de Polis, car il n'est venu ni sur le Mantiapa ni en dirigeable de Verlor. Comment se fait-il qu'il réapparaisse officiellement comme secrétaire aux relations internationales, et ce, au moment même où Ouabrari, son suppléant, est tué? Ce ne peut être que parce que quelqu'un se fait passer pour lui. Nous exigeons de savoir qui.

5/ Qu'une oukka (vendetta ritualisée) soit ouverte contre Imbétomater pour le meurtre de Ouabrari, comme le réclament sa veuve et son karanto

6/ Que la caverne du roi Sakrochélatos ne serve plus de lieu de réunion aux partisans de Prya. Ce roi et cette caverne relèvent de la Fédération et non d'un groupe d'aventuriers.

Ouabrari était âgé d'environ 40 hivers. Il était né d'un père également druide, et plus précisément conducteur de procès, et d'une mère sorcière. Il avait grandi en pagerie chez Atettoteta à Ekelirejo. Plus tard, après s'être remis de la fièvre chaude, curieux qu'il était des Etrangers venus par le col de Kambomachi, il avait appris le français et l'espéranto auprès d'Eddy Chavurant et avait connu Pascal Le Vindémiour et Jacqueline Horciboix. Malgré ses abcès buccaux et son haleine défraîchie, il parlait remarquablement aussi bien l'une que l'autre langue ainsi que le nochchiïéchi en dialecte ékéliréïen (car c'était un druide nocturne). Il laisse une veuve, un karanto et cinq orphelins dont deux jumelles nées coiffées. On appréciait beaucoup au journal sa parfaite connaissance épique, son jeu de lyre, son érudition, son style clair mais léger, son humour un peu primesautier. Un grand bonhomme dont la conduite superbe fera que sa mémoire survivra et sera gardée en chant par ses nombreux amis, à commencer par notre Journal, et tel est notre serment de mémoire par la Lune et le Soleil!

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