jeudi 23 juin 2011

Les gorges se chevauchent

Devant l'incompréhension, assez générale il faut bien le dire, suscitée par la motion adoptée le 8 juin par le premier Congrès Oumouyen d'Autogéographie créant sept niveaux de réalité géographique, le deuxième Congrès a décidé ce jour que ladite motion n'entre en vigueur que pour les grandes régions qui le souhaitent. Les autres (on ne sait pas encore lesquelles puisqu'elles n'existent pas encore...) peuvent se référer à un système simplifié que notre journal peut du reste vous exposer, contrairement au premier que nous n'avons jamais réussi à comprendre.
Voici donc, Compagnons, Compagnonnes, le résultat du nouveau tordage-de-cerveau que nous ont communiqué avec emphase les congressistes: les gorges se chevauchent! Les grandes régions peuvent donc tracer officiellement leurs contours, les reliefs ainsi que les fleuves comme elles le constatent.
Dans la réalité, de nombreuses personnes, dans le Tooutobrodji en tout cas, avaient déjà remarqué qu'il existe d'innombrables trous gigantesques dans le sol à travers lesquels on peut voir tout un pays situé bien plus bas, et aussi des ponts gigantesques dans le ciel qui montrent bien qu'Umujo est peuplé à différents niveaux.
Mais vous me direz: Mais par Lougos, d'où vient la lumière? Comment se fait-il que nous ne soyons pas plongés dans les ténèbres du désordre socio-cosmique à cause de tous ces étages en partie seulement transparents? La réponse, chers lecteurs et lectrices, selon les participants dudit Congrès, tombe d'elle-même : ce sont les neiges éternelles de nos hautes montagnes qui réfléchissent la lumière, au point qu'en certains endroits et par beau temps, on croit distinguer plusieurs soleils ou plusieurs lunes dans le ciel...
Voilà donc la joie des congressistes. Ils ont enfin réussi à interpréter des données scientifiques jusqu'ici incompréhensibles. Naturellement, c'est avec une certaine circonspection, teintée d'une pointe de mépris, que leurs contemporains illettrés accueillent de telles inventions, préférant recourir le cas échéant, contre ces têtes un peu trop pleines, à l'argument bien rationnel du gourdin.

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