samedi 11 juin 2011

Mémenglaros est arrivé à La Porte


Après un long voyage de plus de cent vingt nuits par terre et sur mer, le secrétaire porte-parole d'Umujo Elisée alias Mémenglaros est enfin arrivé à La Porte sain et sauf. Les SMS qu'il nous a envoyés, malgré quelques petits contretemps, rendent compte d'une première prise de contact entre lui et d'éminents représentants des pays extérieurs.

"slt bien arr st & sauf apr mer pirates schrubz envoyer mandat perdu lunettes dors ds grenier auberge 1er renc inf amb la prte ok pr dde ptit terr uniqmt + de batri"

La Porte est une île où siège l'Organisation du Micromonde Francophone (OMF). Cette organisation intermicronationale octroie et garantit la reconnaissance officielle du territoire de différentes micronations sur l'Archipel du Micromonde. L'Archipel lui-même fonde son droit sur le principe d'une carte, ce qui fait du territoire un enjeu fondamental dans cet univers diplomatique. Certaines micronations peuvent également demander, si elles le souhaitent, à adhérer à l'OMF, mais la chose est plus difficile: elles ne sont normalement acceptées qu'en fonction de leur longévité et de leur spécificité culturelle.

L'arrivée vendredi de Mémenglaros sur l'île lui a permis de rencontrer quelques éminents représentants de ces micronations adhérentes à l'Archipel. Notre secrétaire porte-parole n'avait un mandat que pour entamer une discussion préalable à une éventuelle demande de reconnaissance territoriale. Selon les dires de notre envoyé, cette rencontre informelle a permis d'éclaircir certains points. Entrevué par Romain alias Epochingos, le remplaçant du secrétaire aux Relations Extérieures Ouabrari a bien voulu préciser deux ou trois points à l'occasion de son compte-rendu du travail de la "Cellule de base de ceux qui s'intéressent à la politique extérieure."

R: Compagnon secrétaire, peux-tu dire à notre journal quelle est la différence entre l'Archipel et NationStates? Comptons-nous demeurer, nous, Oumouyens, adhérents à NationStates ou la quitter, et, si oui, pourquoi?

O: Secrétaire compagnon, merci de ta question; Umujo est né dans NationStates. Donc, comprenablement, le fait de s'en séparer ne signifie pas que nous en soyons mécontents, NationStates est une organisation énorme (elle regroupe des milliers de micronations), intéressante à un certain niveau je dirais euh "ludique" au sens diplomatique, mais anglophone. Ses discussions ont été insuffisamment comprises de nos deux porte-parole d'ailleurs très peu formés même au niveau de, hum! la culture élémentaire; la langue a ainsi constitué une entrave fondamentale. Mais aussi, dans cette organisation, les micronations sont représentées par des discours générées automatiquement, et cela donnait de notre Umujo hors norme une image déformée; rares sont du reste les micronations de NationStates à disposer d'un site Internet, gage d'une réelle indépendance à nos yeux.

La reconnaissance par NationStates est en outre automatique, et beaucoup de micronations ont l'air farfelu. Certes, pourquoi pas, si elles ont une quelconque réalité sur le terrain, indépendamment de leur importance? Mais c'est rarement le cas. Donc, tu comprends que, comprenablement, par rapport au choix de quitter NationStates, c'est une affaire d'affinité qui nous guide, et non un jugement de valeur. NationStates est intéressant, mais ne nous correspond plus exactement à ce jour.

Umujo a en tout cas tenté de développer des liens directs avec quelques micronations rassemblées au sein de cette organisation, car les assemblées de celle-ci nous semblaient trop grandes pour communiquer efficacement. Ce sont des assemblées vraiment très nombreuses et très grandes! Mais les représentants des micronations habituées à l'ambiance de ces si vastes parlements n'ont pas forcément envie de les quitter pour rencontrer des ambassadeurs en plus petit comité, surtout si on parle un anglais approximatif.

D'un autre côté, NationStates est plaisant à nos propres géographes parce que ni la taille ni l'échelle des territoires n'a d'importance, et que, pour ces micronations, le monde est vaste à l'infini. C'est pourquoi elles n'ont même pas besoin de carte. C'est une toute autre philosophie.

R: Quelles sont présentement les perspectives d'Umujo dans l'Archipel?

O: On ignore si Umujo sera ou non reconnu! S'il l'est, il lui sera plus facile de nouer des relations diplomatiques, culturelles, économiques avec d'autres micronations francophones, eu égard au poids de l'Archipel pour la francophonie. En retour, Umujo devra dorénavant respecter certaines normes internationales et même des choses qui ne sont pas forcément écrites, comme je dirais la façon d'amicaliser les diplomates. Mémenglaros n'est pas... formé, aguerri à l'art diplomatique. Mais c'est un homme de culture. Il faut espérer qu'il s'en sorte, qu'il évite d'être par trop distrait, qu'il prenne les choses avec humour, qu'il soit un peu patient pour son salaire, qu'il se trouve un job pour arrondir ses fins de mois, etc.

A l'issue de nos longs débats oumouyens de géographie, après avoir réglé les querelles de calendrier lunaire et de jours épagomènes, la demande future d'Umujo, quand elle sera enfin prête, visera à la reconnaissance de son territoire, synonyme de reconnaissance d'Umujo de droit. Mais cette demande est entravée par notre propre lenteur à nous réunir, à palabrer, à consulter les augures et les auspices, à prendre des décisions. D'un côté, cela vaut mieux pour être tous d'accord. Pour le moment, les vates discutent de la date de la demande à l'OMF en fonction des présages; les bardes ne sont pas tous du même avis à propos de la façon de louanger la demande; les montreurs d'ours veulent être associés, tout comme les saute-ruisseau et les diseuses de bonne aventure, à l'élaboration de la lettre officielle. Ne parlons même pas des cartographes! Mais comme on dit en Tooutobrodji, "pour continuer de parler, il faut bien décider de temps en temps".

Si Umujo n'était pas reconnu par l'OMF, il faudrait revoir notre politique extérieure de façon fondamentale, comprenablement. Il faut aussi y penser. C'est donc l'avenir du pays qui va se jouer. Les problèmes oumouyens peuvent encore durer très longtemps. Le spectre de la famine n'a pas regagné le souterrain. Umujo pourrait même, ce que je ne souhaite pas, retomber dans la préhistoire si les tribus ne voyaient plus l'utilité de soutenir le coûteux programme de développement de l'écriture, du français et de l'espéranto. Certes, les oumouyens ont le droit d'être fatalistes après tout. Mais j'espère que nous apprivoiserons le temps.

Ce n'est qu'après avoir résolu ces problèmes fondamentaux que notre pays pourra acquérir une quelconque politique extérieure en rapport avec ses propres choix internes. Pour l'instant, la préoccupation est surtout le sous-développement.

R: Vraiment? Cela signifie-t-il que nous n'aurons pas de politique extérieure digne d'une nation indépendante?

O: Si!... Qu'est-ce qui peut motiver un pays où les tribus sont autonomes? Qui a gardé ses traditions ancestrales? Qui n'a point déchu de son alliance sacrée avec Dame Nature? Qui a préservé sa diversité culturelle? Sa "barbarie" naturelle en prise avec l'environnement sauvage? Son amour indiscipliné et romantique des bois, des razzias, de l'honneur, du cheval et du pillage?

Je vous cite à ce propos le début de la motion des druides pour le Chantier National, motion qui contient en germe notre future politique extérieure si elle a lieu d'être un jour:

"Nous, druides adhérents à la Fédération des druides du "monde des tribus" Tooutodouno/Umujo, réunis dans le Congrès annuel des druides du "monde des tribus", conscients que l'instabilité dans laquelle est entré le Cosmos, dont la découverte par des Etrangers venus du delà des montagnes est le signe, présage à plus ou moins long terme l'affaiblissement de la manière sacrée et équilibrée d'être des populations autochtones, conscients que l'héritage traditionnel des cultures indigènes est le fondement de notre richesse animique, matérielle et guerrière, [...]"

Les pays extérieurs ont beau être extrêmement riches comparés à nous, ils sont souvent aux antipodes de cette façon de vivre, et ce sont des gens, des tribus et même la Nature entière qui en souffrent parfois. Voilà une chose révoltante, secrétaire compagnon! Sans compter que nos guerriers rêvent présentement de commettre on se sait quelles expéditions aventureuses au-delà des monts uniquement pour la gloire. Tels sont les différents points qu'on a réussis, au Collectif, à mettre sur notre papier pour le moment.

R: Compagnon secrétaire, je te remercie! Puissent le dieu Brénos calmer l'ardeur de nos guerriers barbares et le dieu Ommis modérer les propos de nos druides pour le salut d'Umujo!

O: Jes, kompreneble! Kaj vivu Umujo, vivu la estonteco de nia eta lando!


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