Les personnalités scientifiques de l'Institut du Verlor et du Locqdu ont fait l'honneur au Journal de nous envoyer un article de niveau scientifique ayant trait à notre pays:
Cours sur la géographie de la Fédération d’Umujo
Par le Pr. Pharibaul, professeur de Géologie et membre de la Faculté, sur communiqué du Pr. Clèche-Bombance, professeur de Géologie et exilé en Umujo pour raisons scientifiques (compte-rendu de Philémon Barbocue)
Suite à des accords politiques bassement utilitaristes, notre gouvernement a jugé bon, contre mon avis et celui de mes estimés collègues de la Faculté, d’ouvrir une liaison communicative et de créer une relation diplomatique avec la Fédération d’Umujo. Nous ne disons pas que nous jugeons les habitants de cette fédération arriérée comme des aborigènes primitifs, et nous savons que nous sommes physiologiquement égaux, et nous ne sommes pas là pour discourir d’eugénisme. Ceci relève de la philosophie, et elle est à bannir de nos lieux.
Cependant, il y a un point sur lequel féliciter notre Chancelier (que de l’or fondu se répande sur son visage), à savoir le fait que les quatre professeurs nommés ambassadeurs font également un intense travail de scientifique. Et les premières nouvelles, également les plus importantes, sont d’ordre géologiques (seule science, je le rappelle, qui vaut la peine d’être étudiée). Et ce sont de ces notes préliminaires qui me sont parvenues et que j’ai intercepté à mon collège le Professeur Dragor avant qu’il ne s’en empare, que je vais vous faire un exposé.
Commençons par un peu de situation géographique. L’Umujo se situe très exactement quelque part sur le continent Sud de l’Archipel, approximativement à mi-chemin de l’Ecodémocratie de Prya et de l’Aldarnor. D’une taille relativement modeste, environ celle de l’île du Locqdu, elle se situe cependant au point de congruence de plusieurs points forts particuliers de notre croûte terrestre (comme vous pouvez le voir sur la 1ère diapositive).
En premier lieu, ce minuscule pays se trouve très exactement à la conjonction de cinq lignes de force telluriques, à savoir des prolongements de limites de plaque.
En deuxième lieu, un puissant champ magnétique émane de cet endroit, si puissant et si inversable qu’il n’influe en rien sur la vie des habitants, mais a probablement une grand influence sur le climat.
Enfin, en troisième lieu, un trou dans l’atoriumosphère permet un passage plus important dans le bas-ciel du pays de particules solaires polarisées.
Nos collègues physiciens quantique pensent également qu’un pic inverse de haute magnitude de cet Aixlhude pointerait le bout du nez de son sommet de parabole exactement sur Kovo. Cependant, cette entité de l’Aixlhude demeurant aussi hypothétique que ce Beau-Zon de Aïgs, nous n’en tiendrons pas compte lors de notre exposé.
Ainsi, cette situation particulière de ce petit pays explique sa configuration extrêmement particulière.
La première phrase du rapport du Professeur Clèche-Bombance était : « Par les favoris et le pince-nez de van Hopijn, j’en crois pas mes yeux ! ». Et, après un rapide examen sensitif oculaire et confirmation de ses pairs, il dut se rendre à l’évidence : l’improbabilité stratigraphique dont il était témoin, et bien, il fallait y croire. Outre les magnifiques sommets environnant le pays, s’élevant majestueusement vers le ciel, il avait pu constater d’immenses et incommensurables cavernes. Et, selon ses dires, ce ne sont pas des cavernes usuelles. Ce sont carrément des mondes souterrains. En vérité, les diverses « zones » appartenant à la Fédération, et plus précisément au territoire des Toutobroges (dont on parle actuellement), se chevauchent. Sur une carte aérienne, par exemple, il y a des « régions » qui se superposent. Un véritable capharnaüm cartographique juridique, bien évidemment. Et c’est là que vient la nécessité de voir en trois dimensions. En effet, l’agencement topographique et topologique de la montagne est si exceptionnel que tout ce qui est cartographie tombe sous le sens (vous pouvez le voir sur la 2e diapositive, généreusement prêtée par le service diplomatique et cartographique de la Fédération d’Umujo).
Mais nous sommes en droit de nous poser quelques questions, que voici :
- D’ou provient cet étrange agencement géologique ?
- Quelles sont les particularités physiologiques d’un tel agencement ?
- Comment la vie a-t-elle pu se développer dans un tel agencement improbable ?
Ce sont ces questions soulevées que je vais me charger d’éclaircir.
Premier axe de réflexion : la formation d’un tel phénomène.
Comme je l’ai précisé précédemment, la Fédération d’Umujo, et le territoire des Toutobroges, est à un point de congruence fondamental. Voici comment ces trois interactions ont pu modifier le paysage.
Tout d’abord, il ne faut pas confondre les lignes telluriques avec les frontières de plaques. Si elles y sont intimement liées, les frontières de plaques sont des objets réels et matériels que l’ont peut observer de visu. Les lignes telluriques, elles, sont la résultante de forces de pression, que l’on peut trouver selon de savants calculs prenant en compte les mouvements tectoniques, les compositions cristallographiques des roches composantes, les forces de pression et la superposition des strates de roches. Ces lignes telluriques indiquent sans équivoque les mouvements principaux. Et il se trouve que ces mouvements convergent tous vers Kovo. Les strates géologiques ont donc subi des forces compressantes, en se chevauchant. Et, dans cette région, on peut différencier deux grandes sortes de roches : la Permangite, roche habituellement résistante à l’érosion ; et l’Iris Bulleux, proche de la Savonite, possédant une plus grande dureté et solidité, et beaucoup moins rentable à l’extraction. Ainsi, les strates se sont chevauchées, formant de gigantesques filons de Permangite au milieu d’Iris Bulleux. Voilà comment c’est formé initialement le curieux empilement de roches.
Cependant, on ne trouve plus en Umujo de trace de Permangite. Ceci s’explique par l’amincissement de l’atoriumosphère au-dessus du pays. La Permangite est normalement aussi résistante que l’Iris Bulleux. Cependant, des expériences en laboratoire on démontré qu’un certain type bien particulier de particules polarisées provenant de l’héliosphère se fixent sur des récepteurs minéraux de la Permangite, la fragilisant à un degré phénoménal, si bien qu’un simple souffle de vent la réduit en poussière (vous pouvez voir l’engin servant au protocole expérimental sur la 3e diapositive). Bien évidemment, toutes les roches de Permangite dans le monde subissent cette altération, mais l’amincissement de l’atoriumosphère au-dessus de Kovo aggrave ce constat beaucoup plus, laissant passer uniquement ces particules spécifiques. Un possible impact de ces particules sur l’homme n’a toujours pas été prouvé.
Mais, selon nos simulations, de telles masses rocheuses d’Iris Bulleux, ainsi que toutes les roches surfaciques accrochées, ne pouvaient supporter cette absence de support. Selon toute logique, si elles n’étaient soumises qu’à leur propre poids et aux interactions de frottements, toute la région se serait effondrée. Cependant, un prélèvement de cette roche a montré qu’elles sont elles aussi fortement polarisées (probablement à cause de l’action des particules héliosphériques déposées là). Et les lignes de champ de force magnétique ont une action d’attraction de ces différentes roches. Ainsi, elles s’attirent entre elles, comme maintenues par de la glu extra forte, permettant une cohésion remarquable au fil des ans. C’est pourquoi tout ne s’effondre pas. Cependant, selon nos prévisions, dans 5908 années très exactement, le champ magnétique se sera déplacé et se sera affaibli, ce qui aura pour conséquence d’affaiblir la cohésion. Toute la région devrait donc s’effondrer en un gigantesque tremblement de terre qui ravagera tout le continent. Mais ce ne sont que des suppositions.
A présent, passons aux deuxième et troisième questions. Y répondre séparément serait stupide, car les réponses sont intimement liées : la plupart des particularités de cette région sont également celles qui permettent la vie, et une vie, on peut le dire, assez excentrique.
En réalité, les zones géologiques sur un plan tectonique ne varient en rien des autres zones souterraines, ne serait-ce que par leur gigantisme. En vérité, la plus grande particularité est presque passée inaperçue à nos quatre scientifiques sur place.
Et, en vérité, c’est extrêmement simple : même sous terre, on a l’impression d’être en surface. La nature spongieuse et absorbante de l’Iris Bulleux le fait se comporter tel des nuages, se vidant régulièrement d’eau, formant des pluies assurant une hydrométrie correcte dans la région. Mais il reste tout de même une grande interrogation : dans un milieu souterrain, comme en est composé plus de la moitié du territoire Toutobroge, on devrait être plongé dans l’obscurité, n’est-ce pas ? Et bien, non. En réalité, on y voit très bien le rythme des jour, avec des nuits et de la clarté. Nos envoyés sur place ont joué donc les équilibristes (avec l’aide de monte-en-l’air locaux), et on fait des études sur les plafonds rocheux du pays. Et il en ressort qu’il existe quatre causes à cette lumière : la déviation de la lumière par les particules polarisées, l’existence de champignons luminescents, des nuées de lucioles endémiques et enfin quelques roches brillantes.
Tout d’abord, le rythme des jours est assuré par le soleil lui-même. Comment peut-il le faire dans de telles profondeurs ? Grâce à l’amincissement de l’atoriumosphère. En effet, les particules polarisées agissent comme des réflecteurs et des disperseurs de la lumière. Empruntant dont les conduits, la lumière solaire, réfléchie sur des milliards de particules, nimbe les cavernes d’une douce clarté. Il existe même un puits de roche d’Iris Bulleux particulièrement polarisé, qui se met à conduire la lumière, agissant donc comme un soleil local.
Cependant, cette lumière est trop peu importante pour assurer une clarté suffisante au développement de la vie à long terme. Ce sont des champignons luminescents (comme représentés sur la 4e diapositive, gravure du Professeur Ongulent, professeur de botanique), des Agarics Photoscensiae, assez rares il faut le dire et délicieux flambés, qui stimulés par une lumière polarisée, se mettent à émettre une lumière blanche assez vive. De plus, des nuées de lucioles blanches diurnes (Lampyris Albana) renforcent cette clarté.
Cependant, ils se sont aperçus que, la nuit, on observait des étoiles. Ce ne pouvait pas être les lumières des étoiles réelles par diffraction dans la roche, car elles étaient fixes et ne représentaient pas notre véritable carte du ciel et ses constellations usuelles. Il se révéla qu’il s’agissait en réalité de Pyrolite Russlave (nommée ainsi car les premiers russlaves pensaient qu’il s’agissait de pierres enchantées), pierres semi-précieuses qui pulsent légèrement dans le noir, et, qui, parsemée à la voûte rocheuse, offrent un ciel étoilé assez médiocre.
Ainsi, c’est grâce à cette lumière et cette eau souterraines que la vie a pu se développer avec autant de foison dans cette région primitive.
Nous avons donc vu pourquoi et comment se manifestait le phénomène géologique typique de la Fédération d’Umujo. Cependant, il nous reste des questions : malgré la cohésion électromagnétique, certaines parties devraient tout de même s’effondrer. Qu’est-ce qui permet cette cohésion ? Et qu’elle est l’origine de tous les métaux précieux que l’on trouve dans cette région, alors que l’Iris Bulleux et la Permangite font partie des cinquante-deux roches qui ne contiennent jamais de métaux précieux ? Peut-être que ces questions viendront un jour, mais pour l’instant, ce cour est terminé. Je vous remercie de votre attention.
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