dimanche 4 septembre 2011

Le premier bilan trimestriel du Towtobroghi conclut que l’Umujo et les micronations les moins peuplées sont en danger

Version dernière et officielle du discours, par le Secrétaire Général Sakroshelatos LXXVIII, à Wikaramareko, de clôture du 1er bilan trimestriel de la Grande Région Autonome de Towtobroghi du pays d’Umujo.

Compagnons

En tant que Secrétaire Général de l'Umujo, vous m'avez chargé de la tâche de prononcer le discours de clôture du premier bilan trimestriel de la Fédération d'Umujo. Je rends hommage à l'immense travail réalisé par les différents secrétariats agissant au nom de la Fédération et pour son développement, travail vis-à-vis duquel mon discours, en souhaitant qu'il soit quelque peu digne de toute l'oeuvre accomplie, n'a d'autre mérite que de présenter le plus succintement qui soit les grandes lignes.

Car la principale dimension de notre pays est bien cette coopération commune horizontale de tous et de toutes, chacun à sa mesure et dans son domaine de prédilection, afin d'ériger, pierre après pierre, la Colline de notre Avenir. Telle est bien la Coutume qui assemble les Tribus. Et, par Towtashe, mon coeur se réjouit sept-vingt fois de cela !

Comme vous le savez, notre micronation s'est constituée à partir du moment où des Etrangers, des gens des Pays Extérieurs, ont traversé les montagnes du Yeghiglahtay et sont arrivés au lieu qu'ils ont nommé Ekenirejo, le "lieu par lequel on commence à entrer [dans le pays]", nom que les Toutobroges ont changé en Ekelirejo, le "lieu d'où l'on commence à sortir [du pays]".

Avant cela, il n'y avait en Umujo-Towtobroghi aucun souvenir de l'écriture ni de la roue, et aucune connaissance du travail à chaud du métal autre que le bronze. Nous n'avions aucune conscience de l'existence même des Pays Extérieurs ni de la technologie prodigieuse qu'ils ont accumulé grâce à leur science.

Les Etrangers ont traversé le Yeghiglahtay sur les traces de leur prophète Gamzefon, à cause de légendes qui leur laissaient penser qu'il avait dû suivre ce chemin dans la forêt Almasonienne que nous appelons Alimâsa. Ces Etrangers ont reconnu en notre héros légendaire Gawshepos leur prophète, et en la langue initiatique du drudayeshi protocolaire une langue dérivée du Gamzéfonique.

Ces Etrangers nous ont persuadés de la nécessité de constituer un "Etat" pour préserver nos intérêts vis-à-vis des Pays Extérieurs. Cependant, notre pays étant trop peu peuplé et trop montagneux, l'idée même d'autorité nous est demeurée étrangère, car, comme vous le savez, chez nous, Toutobroges, les druides, guerriers et cultivateurs-bergers-chasseurs sont sur le même plan, et la femme a autant de droits que l'homme, et chacun peut exprimer ses vues au conseil tribal qui prend ses décisions, de façon informelle, à l'unanimité. Un savant d’un pays extérieur a prétendu qu’ainsi nous nous serions éloignés de l’esprit de nos ancêtres gaélusiens-celtoïques, qui étaient hiérarchisés, mais nous, depuis l’origine, par Donchena, nous ne connaissons pas d’autre manière de vivre que la nôtre.

Donc, c'est ainsi que s'est réuni et constitué à Kunvenega Vilaĝo [Kovo], le 23 mai 2011, le Congrès fondateur de notre Fédération. En effet, la solution d'une fédération traditionnelle des tribus s'est naturellement imposée à l'esprit des populations, sur le modèle fédéral qui organise ces mêmes tribus de bas en haut, afin de constituer le vaste ensemble social du Towtobroghi ou "Pays des Tribus", ainsi que de l'Umujo.

Ce travail fut, en réaction, rendu plus nécessaire encore, accéléré par l'incursion dans le Pahyàkaminos de mercenaires envoyés par des multinationales dans le but de prendre politiquement le contrôle de cette Régionnette extrême-occidentale et ensuite de tout le pays. Mais les Toutobroges, grâce à la nature rude du climat, à leur connaissance du terrain, ainsi que grâce à leur courage légendaire, ont réussi à défaire ces mercenaires et à s'emparer de leurs armes à feu et du peu de munitions qu'il restait à l'issue de ces combats.

Dans l'intervalle, la Fédération d'Umujo a adhéré à NationStates, un vaste ensemble de micronations anglichophones. A cette époque, le Towtobroghi et l'Umujo étaient concrètement une seule et même entité: les Secrétariats de l'un et de l'autre étaient confondus, même si la conscience du caractère supra-régional de la Fédération commençait d'émerger lentement. Les quelques Etrangers présents dans le pays ont eu un rôle majeur dans la constitution de cette Fédération et dans les charges de Secrétariats. C'est à cette époque que remonte l'adoption du Gamzéfonique comme langue officielle et langue de travail au sein de la fédération.

A partir de là, tout resta à construire et à faire pour sortir le pays de son état d'hypodéveloppement.

Les parolkomisiitoj [porte-paroles, ambassadeurs] qui furent envoyés à NationStates, ce très lointain et gigantesque ensemble de parlements anglishophone, se sont retrouvés perdus linguistiquement, et même au sens propre, dans ces immenses assemblées où l'on prononçait, un peu en les criant pour tenter de se faire entendre, des discours sur les nations qui n'étaient pas toujours confirmés sur le terrain.

Il fallait, dans NationsStates, adhérer à l'une des innombrables Régions pour connaître un parlement de taille quelque peu humaine. L'Umujo a opté pour l'un d'eux qui se réclamait de la démocratie directe, mais qui, en fait, ne faisait rien d'autre que discuter dans le langage du démon Ehkludos sous l'égide d'un homme politique charismatique qui s'occupait seul des choses sérieuses de la Région.

Hélas, malgré ces deux efforts d’adhésion, aucun de nos contacts directs avec d'autres micronations ne s'est suivi de relations diplomatiques effectives. Mais nous, notre but n’était pas de siéger ici ou là, mais bel et bien de développer le pays ; cela n'était pas possible. Nous avons donc quitté NationSates.

Après un mois d'interrogations, d'études, l'Umujo-Towtobroghi demandait à l'Archipel du Micromonde la reconnaissance de son territoire, ce que nous obtînmes à l'unanimité de la part des pays votants à notre sujet.

C'est un travail acharné de notre diplomatie qui a réussi à sortir le pays de l'obscurité. Le premier pays qui nous secourut fut le Meniro, car il nous permit d'acquérir des céréales afin de garantir les quelques élèves, que nos Etrangers à nous formaient à l'écriture, contre le risque de famine.

Ensuite, le Verlor nous a envoyé des livres de classe et deux dirigeables. Cela a sauvé le programme d'alphabétisation et permis à notre diplomatie de voyager parcimonieusement par les airs.

En partie grâce à cela, moi-même, je suis venu à Madha sur l'invitation de l'Emir, et j'ai pu négocier de nouveaux contrats. En résumé: il s'agit de l'importation de livres notamment de science, d'échanges de gens de métier spécialisés, de formation militaire... des choses essentielles pour sortir le pays de son état de faiblesse.

Les druides ont pris conscience que les Pays Extérieurs ne vivent pas sous la protection de la Coutume; les druides ont donc décidé que notre littérature orale traditionnelle devait être notée, étant donné que les peuples Autochtones ont laissé peu de traces et quasiment aucun écrit dans les autres pays du micromonde et ont d'ailleurs été pour la plupart exterminés et niés. — La notation de toute notre littérature orale est un chantier immense qui s'étalera sur plusieurs années en demandant un travail constant. —

Ce fut une époque presque radieuse, où tout semblait enfin démarrer. Le pays de la Volkona [situé quelque part en Umujo septentrional], belle surprise, envoya son Prince en personne afin de rejoindre la Fédération, et je remis solennellement en tant que Roi des Tribus un OEuf Cosmique [oursin fossile] à cet illustre envoyé pour son pays, afin que cet OEuf Sacré veille toujours sur la Volkona.

Cette adhésion nous obligea quant à nous à distinguer clairement ce qui relevait de l'Umujo et ce qui était du Towtobroghi. A préciser quels étaient les compétences et Secrétariats de chaque entité.

Mais l'Archipel du Micromonde était à l'origine l'héritier d'une tradition de micromonde avantageant les micronations les plus peuplées et les plus dynamiques. Il fut reproché à M. Dominguez, par d'autres représentants, de prendre trop d'ascendant sur le micromonde et d'en modifier l'esprit. Il lui fut réclamé que la gestion cartographique ne soit plus en rien (de près ou de loin) du ressort de quiconque, mais qu'elle appartienne au démon Ehkludos [?].

— Trop souvent, en effet, les politiciens, autoproclamés géographes, ont fait fi des intérêts des populations. Nous avons dès ce temps mesuré que nous, Oumouyens, sommes avant tout des Autochtones face à un micromonde qui a le plus souvent repoussé, réduit, exterminé, parqué, assimilé et nié ce type de population, dont c’est tout juste s’il est question au niveau officiel ou même historique de ces Etats. Mais, trop de difficultés assaillent notre pays pour que nous reprochions à ceux qui nous aident leur colonialisme. Cela peut nous pousser à baiser la main qui nous nourrit, tandis qu’elle a assassiné notre frère. A cause de cette situation, un groupe de rebelles toutobroges, le KSBC, a décidé d’agir en dehors de la Fédération et de cambrioler l’armurerie de Madaduno pour se doter d’armes modernes, afin de s’en prendre, à leur échelle, aux intérêts des micronations coloniales, et ce, en dépit de notre appel à la raison. Or Madha est notre principal partenaire, et nous ne pouvons pas accepter qu'il soit traité de la sorte. —

Pour en revenir à l’Archipel, le fait que M. Dominguez maintienne ses positions contre les premières rébellions fut la cause de la guerre qui vit la fin de l'OMF. Comme M. Dominguez ne voulut point repousser l’adhésion des micronations dans le champ du démon Ehkludos [?], cette institution fut d'abord contestée par les micronations rebelles auprès desquelles notre pays s'est à son tour engagé. C’est ainsi que nous, rebelles micromondiaux, engagions des tractations informelles entre nous pour la refondation d'institutions micromondiales : le futur "Micromonde francophone", sur la base de la tradition qui privilégie les micronations les plus peuplées et privilégie [comme nous disons en Towtobroghi] "le repousser vers l'ordalie d'Ehlkudos de quiconque vient dire son pays". Pendant ce temps, la guerre emportait l’Île de la Conférence.

Depuis, le micromonde espère le renouveau des institutions intermicronationales. M. Dominguez conserve son autorité sur certaines micronations et a réouvert ses canaux de communication. Mais ces institutions demeurent boycottées par d'éminents représentants. L'on attend toujours que les connexions reprennent sur le nouveau réseau de communication du Micromonde francophone

Certes, cette absence d'institutions intermicronationales adaptées ou fréquentées ne gène probablement pas trop les micronations les plus peuplées (MNPP), mais elle met en danger les autres, dont notre pays fait partie. Car une micronation parmi les moins peuplées (MNMP) fait dépendre son réseau de communications interne du réseau intermicronational, et, quand elle se voit fermer ces canaux de communication multilatéraux, elle perd du même coup ses propres moyens de communication internes, ce qui la prive de toute dynamique interne. Cela met en danger direct cette entité socio-politique; le risque étant grand, alors, pour celle-ci, d'effondrement pur et simple, de chaos et de disparition. Tant que ces moyens de communication micromondiaux ne sont pas effectivement pleinement opérationnels, les MNMP sont en grand danger.

Les récents changements micromondiaux ont souvent eu lieu dans un climat tendu, peu propice aux échanges diplomatiques normaux, ce qui a empêché plusieurs pays de bénéficier de relations avec les autres; dès lors, ces pays ne donnent plus de nouvelles aujourd'hui et semblent, selon une source extérieure non confirmée, s'être délités complètement ; ainsi, nous sommes inquiets pour Garonne, l’Ayale... mais le sort du Verlor nous tient particulièrement à coeur: que devient le pays qui nous envoya les tout premiers livres de classe, ces trésors de notre avenir?

Les relations multilatérales sont encore lettre morte pour l'Umujo, ce qui affecte aussi notre propre cohésion: à quoi bon être une entité géopolitique si les neuf dixièmes des Pays Exterieurs nous laissent, par force, et ce, bien que ayons connu deux tempêtes terribles, à nos difficultés et à nos ennemis Wenâwoy? Si, pour nous, avec nos précaires moyens techniques, rétablir des communications avec le micromonde dure un temps fou ? Où trouver l’électricité ? Comment payer la facture de télétransmission ? Et comment répartir l’usage de deux ordinateurs pour tout un pays ?

Malgré tout, nous avons continué d'oeuvrer pour les relations bilatérales, afin de poursuivre notre programme de développement. De nouveaux progrès ont été accomplis, comme par exemple les ventes que nous avons faites de bois précieux avec le Meniro et du terrain à Kovo pour des religieux madhanais nous ont permis de constituer une petite réserve monétaire initiale afin de pouvoir acquérir, dans le futur, quelques biens technologiques parmi tous ceux qui nous font si cruellement défaut.

Mais des insuffisances graves demeurent: sous-alimentation, analphabétisme, vendetta et guerres, superstitions, pauvreté du sol, dureté du climat, enclavement, relief excessif, géographie mouvante et paradoxale, pas d’écoles pour les enfants (seulement quelques étudiants sélectionnés avec soin), pas de banques, pas de monnaie, pas de routes, pas de statitiques, graves insuffisances comptables, pas de documentation, pas de communications internes ou externes modernes sauf quelques téléphones satellites gênés par des tempêtes électromagnétiques, grave insuffisance des aérostats, très bas niveau d'instruction et rareté des interprètes, absence quasi totale d'armement moderne, pas de médecine moderne ni d’hôpitaux ni de vaccination ni de médicaments… ne sont que quelques exemples des innombrables difficultés de l'Umujo-Towtobroghi.

Le climat tendu au niveau intermicronational a déclenché l'ire des dieux; des tempêtes ontologiques ont à deux reprises bouleversé la géographie toutobroge. Ces tempêtes ont compromis, en Towtobroghi, les récoltes ainsi que la santé du bétail, et la famine menace notre prochain hivers.

Les communications ont été tout ce temps coupées avec la Volkona, et c’est seulement maintenant, après des semaines d’incertitude, que des nouvelles indirectes et imprécises nous parviennent avec retard, grâce aux dires de nos voisins du Nord-Est, les Hommes-Bêtes Sauvages et des Hommes de Néanderthal. Comme si la Volkona se trouvait à des années lumières de nous, alors c’est pourtant, à ce qu'il paraîtrait, notre plus proche voisin !

Nous devons donc continuer l'oeuvre de développement d'Umujo qui a été commencée, même si nous sommes peu nombreux à en porter la charge, sinon, le pays pourra sombrer à nouveau dans l'obscurité. Nous savons tous que nos ennemis intérieurs, les Wenâwoy (alliés de l'Ombre), n'attendent que l'occasion de nous voir douter de nous pour nous subvertir à leur démon et amener dans le Towtobroghi le principe d'Autorité qui nous est à nous, Toutobroges, fondamentalement étranger.

Nous Toutobroges, depuis cet Âge d'Or où la déesse Donchena apparut à notre Ancêtre Gawshepos, sommes les gardiens de la Coutume d'Autonomie et de l'Ordre cosmique archaïque. Ce sont nos rites qui, chaque Solstice d'hivers, refondent symboliquement le Micromonde. C'est grâce à nous que les Ombres ne se sont pas emparées jusqu'ici de l'Âme de toutes les micronations. Il est donc essentiel que nous surmontions encore nos difficultés pour suivre la Voie Juste des Hommes Intègres. Ce n'est qu'ainsi que nous sortirons le pays de l'Âge des Ténèbres et montrerons au micromonde que nous n'avons jamais déchu de notre alliance sacrée avec le Dharma holistique, ni du respect sacré que nous devons porter aux différentes Âmes génériques d'êtres vivants.

Sakroshelatos LXXVIII, Secrétaire Général de la Fédération d'Umujo, à Wikaramareko, le 2 septembre 2011.

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